Cette course était LE gros objectif du printemps, LA course phare du club, celle où l’on est sensé atteindre son pic de forme. Si j’ai déjà participé plusieurs fois aux 10 km, je n’ai fait les 20 qu’une seule fois : c’était en 2011, ma première année au club. J’avais adoré ce parcours qui me faisait pourtant si peur, avec toutes ses montées qui nous mènent du bord du lac jusqu’à la cathédrale avant de redescendre au point de départ.
Depuis, plus de participation, ni aux 10 ni aux 20, j’étais en mode « hibernation » (ou plutôt sortie d’hibernation). Cette année, c’est promis, je vais enfin refaire les 20. Comme cette saison a plutôt bien commencé pour moi, je me suis fixé comme objectif de les boucler en 1h40, si possible un tantinet moins. En 2011, j’avais réalisé 1h45 avec beaucoup de bonheur, en mode découverte, avec un départ prudent qui m’avait permis de ne pas arriver déjà grillée dans les montées et de finir fort et bien.
Ayant gagné près de 6 minutes à Kerzers (les 15 km courus en mars) et près de 7 minutes à Cheseaux (10.3 km), ça doit être jouable. De plus, j'ai fait une bonne séance de 1000 m samedi dernier, où j'en ai réalisé deux en 4:03, vitesse que je n'avais encore jamais atteinte sur ce type d'intervalles. Cela me met en confiance. J’aime me fixer des objectifs réalistes, qui représentent un challenge sans toutefois mettre la barre trop haut, au risque que la course tourne au cauchemar. Après tout, je cours avant tout pour mon plaisir, je ne suis pas une élite et n’ai rien à gagner si ce n’est ma propre satisfaction.
Mon homme et moi avions indiqué le même temps estimé (donc 1h40), ce qui nous a placés dans le même bloc de départ, soit le deuxième. Dans la matinée (le départ des 20 km est donné à 18h), nous avons un peu étudié notre « stratégie de course », et je dois dire que j’ai eu soudain des doutes : pour réaliser 1h40 et compenser le temps perdu dans les montées (tout de même 7 km en tout), eh bien il faut aller drôlement vite sur le plat et en descente ! Finalement, je décide pour ma part que je courrai aux sensations, en essayant d’aller aussi vite que possible mais sans me mettre dans le rouge, du moins pas avant la fin du 6e kilomètre, début des vraies difficultés. De garder de la réserve pour pouvoir bien accélérer dans la descente et avoir encore du jus pours les deux derniers kilomètres de plat.
Quand nous nous plaçons dans le bloc de départ (après avoir trottiné une vingtaine de minutes et fait trois lignes droites), mon homme souhaite se mettre assez à l’avant. Cela ne me plaît pas trop, car à l’avant du bloc, il y a le ballon 1h30 (!), et à l’arrière celui d’1h40. J’ai peur que nous prenions un départ trop rapide en nous mettant trop à l’avant. Finalement on se placera au 1er tiers du bloc, un peu présomptueux je trouve …
Pan ! C’est parti ! Je trouve assez vite une allure qui me convient et où je me sens très bien. Mon chéri trouve qu’on est un peu vite, je regarde ma montre et vois qu’on est à 4:35, c’est effectivement rapide. Par prudence, je ralentis un peu, mais pas beaucoup car les sensations sont excellentes. On bouclera les 2e et 3e km en 4:43 et 4:44, je suis super bien, c’est parfait.
Arrive la montée de Denantou, près d’un kilomètre de montée avant de retrouver le plat et de redescencre au niveau du lac (2 km) pour aborder les 6 kilomètres de montées qui nous amèneront à la Place du Château. Je ne souhaite pas m’entamer dans cette première difficulté, mais elle passe super bien, j’ai trouvé mon "rythme de croisière", ou plutôt mon intensité d’effort. Je ne vois plus mon homme, il a ralenti. Comme nous avons décidé de courir chacun pour soi, je ne m’en préoccupe pas. Je relance bien sur ces deux kilomètres très roulants qui suivent mais ralentis à l’abord de la montée afin de ne pas l’attaquer trop fort. On en est déjà à plus de 6 km et je suis fraiche pour la grimpette.
La montée se fait par paliers : on monte, il y a des replats, on remonte, parfois on redescend même un peu, etc. Cela rend la course très plaisante, c’est varié, la difficulté n’est jamais très longue, j’adore ! Je ne me prends pas la tête dans les montées, je les cours à petites foulées, à mon rythme. Je me surprends à rattraper du monde, alors que je n'ai pas le sentiment d'aller vite. La plus longue mais pas la dernière, celle de Tivoli, passe elle aussi super bien. On a un bon bout de plat avant de grimper vers le centre ville : la rue de Bourg et la Cité. Comme toujours, il y a une ambiance du tonnerre en ville, la température est superbe (je cours en short et T-shirt sans manches), c’est vraiment le pied. Arrivée sur le Pont Bessière, j’entends mon neveu m’encourager (surprise, je ne savais pas qu’il serait là), puis c’est au tour d’une collègue de travail qui est placée au bout du pont et me verra passer deux fois, puisqu’on fait la boucle dans la Cité avant de redescendre. Ça me donne des ailes, je dois me calmer un peu pour attaquer la dernière montée. Et là, c’est Raymond, le président du club, qui m’encourage et me presse une éponge dans le dos, super sympa ! Ça y est, je suis en haut, le plus dur est fait, il ne reste plus que de la descente et du plat.
La fin ira super vite. Mes jambes sont vraiment bonnes sur cette course, j’arrive à bien accélérer et tenir un bon rythme. Vers le 15e, rue de la Vigie, les pompiers nous encouragent dans une fanfare de sirènes et klaxons. Un peu avant le 18e, après la grande descente de la Vallée de la Jeunesse, on passe devant la place de fête, et les deux derniers kilomètres sont toujours les plus durs : psychologiquement passer si près de l’arrivée et devoir s’en éloigner pour revenir n’est jamais très facile. Je regarde ma montre et vois 1h25 et des poussières. Soudain, je me dis que les 1h35 sont possibles : il reste un peu plus de 2 km, c’est jouable. Voilà qui va me motiver à ne rien lâcher jusqu’au bout.
Je franchis la ligne d’arrivée à 1h34:01 à mon chrono. Comme je l’ai démarré un peu trop tôt, il s’avère que mon temps réel est de 1h33:52 !!! Je suis super heureuse, je peine à y croire ! Si j’espérais faire moins de 1h40, je n’aurais jamais pensé être en moins de 1h35 !!! Et cerise sur le gâteau, avec de super sensations et beaucoup de bonheur, moi qui craignais de souffrir à vouloir chercher un chrono !
A l’arrivée, je retrouve d’autres membres du club : tous sont très heureux et ont bien couru. Il faut dire que les conditions étaient juste parfaites. J’attends mon homme, il terminera en 1h46:23. Il appréhendait ce parcours à cause de ses genoux qui supportent mal les descentes (séquelles du foot), il a dû ralentir là où tous accélèrent. Comme il ne s’est entraîné quasiment que sur du plat, ça n’a pas été facile pour lui, mais il s’en sort très bien !
La pluie commence à tomber, incroyable timing : la météo aura vraiment été avec nous, du moins ceux qui avons fini dans ces temps-là.
Une fois de retour à la maison, je peux tranquillement regarder mes données. Je vois que je n’ai été au-dessus des 5’ / km que dans les montées, mon kilomètre le plus lent aura été en 5:36, ce dont je suis vraiment super contente (c’est le CR des superlatifs !). Sur les plats, j’ai tourné entre 4:30 et 4:45 et mon kilomètre le plus rapide aura été en 4:06, en descente, évidemment.
Allure moyenne sur les 20 km : 4:41. Jamais je n’aurais cru ça possible. Et ce qui me comble le plus, c’est que j’ai vraiment bien géré ma course, je me suis sentie bien tout du long, je n’ai jamais eu la moindre once de découragement, je n’ai jamais été en difficulté. Cela ne veut pas dire que je ne me suis pas donnée à fond, car si je pense que j’avais un peu de marge, je suis certaine qu’un départ plus rapide m’aurait coûté cher ensuite, et pas dit que j’aurais fini mieux. Là, c’était juste parfait. 20 kilomètres de bonheur à l’état pur, j’adore et j’en redemande !
Encore un record qui tombe pour moi, j'améliore mon temps de plus de 11 minutes ! Car si j'avais fait de beaux progrès en 2011, 2012 et 2013 ont ensuite été des années de stagnation, voire de légère régression. Normal, on ne peut pas hiberner chaque année et espérer faire mieux l'année suivante ;-) 2011 et 2014 sont comme par hasard deux années sans hibernation ...
Prochaine course avant de lever un peu le pied : le Grand Prix de Berne dans deux semaines : 10 miles magnifiques que je me réjouis de retrouver après 8 ans !